20.03.12
Ecrit dans Actualité à 18:52 par Bernard-Roger MATHIEU
Je pense que je vais écrire un poème
sur le MOIS DE MAI.
…mince c’est déjà fait !
http://www.youtube.com/watch?v=U_W0B6aUt3E
En mai, fais ce qu’il te plait. Chiche !
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête !
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cur !
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur !
Mais il est bien court, le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles…
Cerises d’amour aux robes pareilles,
Tombant sous la feuille en gouttes de sang…
Mais il est bien court, le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant !
Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour,
Evitez les belles !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour…
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d’amour !
J’aimerai toujours le temps des cerises,
C’est de ce temps-là que je garde au cur
Une plaie ouverte !
Et dame Fortune, en m’étant offerte
Ne saurait jamais calmer ma douleur…
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cur !
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17.03.12
Ecrit dans Actualité à 19:25 par Bernard-Roger MATHIEU
Raymond Debièvre s’en est allé promener ses crayons dans les nuages.
Le marchand de sable est passé.
Le peintre du ” Tro au sable ed d’sous l’bô” sur lequel nous avions, dans les années 70, mis des mots sur sa couleur laisse un témoignage émouvant. Laissons la plume à Pierre Henry.
article à retrouver dans :
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Maubeuge/actualite/Secteur
Maubeuge/2012/01/15/article_avec-le-deces-du-peintre-raymond-debieve.shtml
Longtemps journaliste pour notre quotidien à Maubeuge, Pierre Henry a repris sa plume pour nous afin d’évoquer la mémoire d’un artiste récemment disparu : le peintre Raymond Debiève vient en effet de s’éteindre après une période de santé déclinante succédant elle-même au décès de son épouse. L’occasion de revenir sur le parcours de cet artiste amoureux de son Avesnois d’origine. Tous ceux qui ont l’approché, ou qui se sont penchés sur ses oeuvres, apprendront avec tristesse le décès du peintre Raymond Debiève. Il fut un singulier poète d’images nourries par la matière même de l’Avesnois, de ses paysages et de ses hommes. Il était né en 1931 à Maubeuge dans une famille modeste gardant de ses origines une grande affection pour la vie ouvrière de Sous-le-Bois partagée entre la nécessité et l’entraide. C’était encore l’époque de la souveraineté industrielle, des cabarets joyeux et des jardins populaires surplombant la vallée de la Sambre. Cependant, au-delà de la magie industrielle, qui inspira beaucoup d’artistes au début du XXe siècle, le sentiment de la nature exhaussa la sensibilité et la pensée de Raymond Debiève. Loin des fumées, une campagne ouverte l’attendait. Il adora en effet l’Avesnois, ses horizons d’équilibre, ses bois, ses haies, la lente houle des troupeaux, la noblesse de ses maisons de pierre, la figure et l’ouvrage des paysans et des artisans qui n’avaient cessé d’humaniser ces paysages. Et bientôt il saisit ces choses pour en faire des images. Ses premières esquisses furent encouragées par quelques personnes d’influence qui le poussèrent vers les années 1945-1950 (ainsi que son frère jumeau Michel) vers les Académies de Valenciennes. Un passage par Sars-Poteries L’Avesnois s’était donc ouvert au regard du peintre. Et le hasard poussa inévitablement ses pas vers Sars-Poteries, commune qui était en train de faire sa révolution culturelle avec la reconnaissance nationale du patrimoine verrier et potier grâce à la grande figure muséale de Georges-Henri Rivière. Raymond Debiève y fut guidé à la fois vers les ateliers de poterie et les secrets de la ruralité par les femmes de la famille Delmotte, héritières d’un étonnant moulin à eau du pays, ouvert au public dès 1972. Avec de la terre à grès, il eut ainsi l’occasion de modeler et de pousser au feu des objets et des personnages divers. La notoriété de Debiève s’éleva donc petit à petit auprès d’un public ému par la candeur affective de ses oeuvres. En 1977, les expositions conjointes du moulin de Sars-Poteries et de La Grange aux Ancres près d’Avesnes approfondirent le travail du peintre sur des thèmes rattachés à la vie paysanne, aux travaux, aux jeux et proverbes, à l’architecture rurale saisis en petits et grands formats. L’amateur d’art se mit à parcourir avec étonnement une production abondante de dessins alertes, (encres, gouaches, crayon gras) qui semblaient être tombés des mains de l’artiste d’un seul souffle. Mais, à côté de cet éparpillement, brillaient aussi d’étonnants arrêts de gouaches ou d’huiles issus d’une observation touchante de la nature comme sujet de méditation. Il élevait ces figures dans un rappel subtil des grands primitifs flamands voire des doucereux italiens par le carrousel de leurs couleurs, la raideur de leur noblesse, et la consomption de leurs corps glorieux. Cependant, comme il peignait les gens et les choses d’une même haleine, dans le soulèvement de leur désordre, il s’adonnait parfois à un futurisme de régurgitation par lequel contenants et contenus déroutaient l’empire de la Raison comme osa faire Jérôme Bosch. Fut-ce la faiblesse ou la force de Raymond Debiève qui n’a jamais cherché à être un Moderne ? Malgré une soumission au suprême tordoir de Picasso, il était plutôt le contemporain des enluminures, des psautiers et des livres d’heures. Eût-il été hébreu ses mariés auraient dansé dans le ciel comme Chagall. Même pas peur. Que deviendra son « oeuvre » ? Ainsi ce peintre, fort de la poésie, vécut en dessous de la toise critique malgré des expositions parfois solides, comme en Suisse. Il ne vivait nullement de son art, mais pour l’art. Doué d’une vision vernaculaire et toujours enchanté, il s’abandonna aux révélations de la beauté presque religieusement quoiqu’il ne fût point de la maison, sauf peut-être comme frère portier.
Que deviendra son « oeuvre » répandue entre les mains d’un grand nombre de particuliers mais peu dans les galeries ou dans les musées ? Nul ne le sait. Et pourtant son atelier de Rochegude déborde toujours de ce qu’il a laissé avant de partir. Certains amis semblent se mobiliser pour la sauver de l’oubli. Peut-être vont-ils penser à se rapprocher de la ville de Maubeuge, du musée de Sars-Poteries ou de l’Écomusée de l’Avesnois ? Dans tous les cas, il serait injuste d’oublier celui qui a tant aimé et fait aimer ce terroir.
PIERRE HENRY
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