22.06.13

La retraite à 50 ans … et tout de suite

Ecrit dans Actualité à 8:56 par Bernard-Roger MATHIEU

L‘oisiveté.
Observons ce mot.
Vénus de Milo. Bras cassés.
Mot-statue, vrai projet intemporel: il ne bouge pas.
Tout juste peut-on percevoir un bruissement, un murmure, un chuchotement.
Obet inanimé avez-vous une âme ?
Quelque chose qui ne bouge pas, est, forcement stable. Personne ne peut contester ça. Contestons alors.
Disons oisiveté = instabilité. Oisiveté = stabilité ? Pourquoi pas ?
Nous sommes dans le raisonnement. La philo. En clair on énonce non pas une vérité mais une idée. Idée qui sera partagée ou non.
Alors que vient-on de faire ? Je viens de dire que tout est opposable au tiers. Quelle que soit l’option prise, il se trouvera toujours un opposable irresponsable pour dire : c’est une connerie.
L’allongement des cotisations c’est une grosse connerie.
Je suis pour la retraite à 50 ans et tout de suite.J

J’ouvre le parapluie car déjà pleuvent les mots : inconscient dangereux, pénible gaucho etc.
Alors je vais énumérer ici tous les avantages.
Tout au moins les plus gros que je vois passer.
Bien entendu je ne vais pas mettre dans la balance les inconvénients. Cela ne servirait à rien car ce que j’énonce ici c’est mon idée. Une idée… allez… qui s’appuie sur une expérience. Celle d’un journaliste qui a regardé vivre ses contemporains quarante années durant (le nombre de mes années de cotiz).
En préambule, énonçons une vérité première. Ce qui arrive est toujours l’inverse de ce que l’on croit qui va arriver. Le philosophe qui a constaté cela n’est pas moi, mais un limouxin : Jean Marie Besset. Je suis allé voir la pièce. Je n’ai rien compris… sauf que dans l’histoire la logique bâtissait son cheminement conduisant naturellement vers un constat. Or, patatrac, par une fantaisie du sort, l’issue inversait le dénouement. Or, c’est souvent comme ça que cela arrive. On réfléchit, on se casse le bourrichon, on calcule et patatrac, caramba c’est encore raté.
On a comme l’impression qu’un curieux entêtement divertit nos grands penseurs chargés d’étudier les meilleures solutions pour nous compliquer la vie ou la faciliter. Des fois c’est la même chose ! La réalité s’impose dit l’apprenti pragmatique formaté par sa logique incurable. Pourtant, sans spiritualité pas de matérialité plausible. Je m’explique. Il faut se méfier des économistes qui emboitent des systèmes-légo pour démontrer la plausibilité de leur raisonnement. Regardons le rapport Moreau sur l’avenir des régimes de retraite. Ce brave ressort de la boite des vieilles formules rouillées. Au moins on sait une chose : ces recettes se sont toutes cassé la gueule. Les seules, les irréalistes d’un certain Henry, Ministre du Temps Libre de Pierre Maurois, sont restées toutes neuves. On les a laissées sur l’étagère à utopie. Seule la retraite à 60 ans mise en application dans le plan A ( celui de mai 81) apporta un rayon de soleil dans notre société des années 80.
Souvenons-nous 5mn. Ici c’est le journaliste qui parle. Qu’avons-nous constaté ? D’abord nous avons revendu beaucoup plus de journaux locaux (70 journalistes à l’époque dans l’Aude, une vingtaine aujourd’hui à peine).
Le journal local est un lien social.
Notamment c’est le vecteur des activités associatives.
Dans les années 60 j’avais constaté, jeune journaliste, la création de « société de jeunesse » dans tous les villages. Je n’ai pas étudié, la sociologie de ce phénomène. Par contre j’ai vu dans les années 80 l’émergence dans tous les villages d’associations de troisième âge avec de jeunes vieux qui, tout à coup, avaient des fourmis dans les jambes.
Et d’organiser des voyages, et d’organiser des repas (repas = danse = orchestre = traiteur = génération d’une plus value économique) et d’organiser des expos… tout un tas de trucs qui secouait l’apathie de ces communes. Actuellement que voit-on ? Les villages roupillent. Pourtant, ils ont tous augmenté leur population. Il y a un problème. Au sein de ce problème apparaissent plusieurs maladies de société. Le manque d’argent en est la principale. Le report de l’âge de la retraite en est un autre. Du coup le mouvement collectif qui ajoutait les activités générant des manifestations festives, s’est reémietté en activités individuelles réservées aux seuls habitants nantis qui ont une « bonne retraite » (complémentaire).
Pour qu’une société fonctionne, il lui faut de l’argent à dépenser et du temps libre pour en bénéficier. Déjà nos ministres du Front Populaire le disait. Or, vous savez quelle est la différence entre un ministre du Front Populaire et un ministre d’un système capitaliste actuel ? Les premiers réfléchissent en fonction du bonheur des gens.
Donc pour une question de moralité populaire attaquons tout de suite la solution de la retraite à 50 ans avec remplacement obligatoire, poste pour poste, par un jeune qui va cotiser au régime général.
Une retraite à 50 ans bien entendu à taux plein.
Suppression de tous ces contrats à la con aidés et patin coufin.
On met les jeunes au boulot ! Interdiction aux patrons de dire non. On leur colle sur le dos une expertise pour connaitre leurs vrais moyens de développement. La plus grosse entreprise en France c’est l’artisanat. Mais que fait la Chambre des Métiers ?
Et les jeunes vieux de 50 ans que vont-ils devenir ?
Ils vont bricoler. Ils vont retourner dans l’associatif. Ils vont dépenser leur argent et faire tourner le commerce. Ils vont voyager. Peut-être qu’ils feront bénéficier les jeunes de leurs acquis dans le cadre associatif (tient c’est une idée d’Henry ça, le ministre du temps Libre… qu’est-ce qu’il est devenu celui là ???).
Bref, nos inactifs vont faire reculer la récession. C’est aussi con que cela.
L’oisiveté est un moteur.
Je pourrais m’arrêter là. Mais je serais incomplet. Incomplet en ce sens où je n’ai parlé que du bien être des gens. Et là je suis complètement à coté de la plaque.
L’objectif : valeur/travail, ce n’est pas le travail pour valoriser l’homme.
C’est le travail pour valoriser l’économie.
Je ne sais pas si c’est compatible. On peut y réfléchir.
En tous les cas pour l’heure, les capitalistes ont dans le viseur ce qui représente pour eux une nécessité : faire péter le smic pour revenir à terme au travail à la tache (vivent les auto-entrepreneurs) , faire péter les 35 heures, faire péter l’âge de la retraite, faire péter par la même occasion l’interdiction du travail de nuit pour les femmes ( merdu c’est déjà fait dans un soucis d’égalité a dit l’Europe) bon faire péter l’âge minima du travail pour les enfants (ça cela arrive doucement avec Sarko qui avait redécouvert les vertus de l’apprentissage), faire péter le code du travail d’Arthur Groussier… un grand bonhomme aussi celui là !
Et le soleil capitaliste se lèvera sur l’économie européenne recyclée en Europe !!!
Il ne faut pas rigoler avec ça. Derrière se profile l’ombre de la rivalité entre les USA et la Chine. Et les ricains en mauvaise posture ont besoin de l’Europe.
Alors le recul de l’âge de la retraite pour nos braves socialistes ce n’est pas une nécessité qu’ils inscrivent dans un enjeu nationale mais dans un réalisme capitalisme redoutable.

C’est signé le cousin Alfred
Les aventures du Cousin sont toujours disponibles en librairie (Tome 1 et Tome 2)