Le retour du barbare - mode d’emploi


Préface-book

         - T’entres dans le capital de ta banque ?

Ils t’ont labellisé pays Cathare ?

Tu t’es fait remastériser ?

Je te trouve tout joyeux tout à coup

Le Wisigoth n’aime pas être pris en défaut.

Coup œil dans un miroir complice ; un reflet révèle son pire ennemi. Lui ? Non, l’environnement oint de miasmes antagonistes.

Ces temps derniers, son humeur s’infecte.

Le verbe s’alourdit.

Le sourire qu’il affiche traduit, il le sait bien, une hypocrisie qui le taraude.

C’est le masque du clesquemòl de Mans de Breich : dur dehors, mou dedans, comme les coquillages. Avisant son partenaire Tizote ancré au zinc comme un Clovis sur son rocher à Vouillé, Alfred sent tout à coup monter comme un regain de velléité puisant sa justification dans l’historicité de ses antécédents.

 

·       Et pourtant je ne devrais pas. Il ne se passe pas une journée sans qu’une information ne me déboussole l’Astrolabe, ne me noircisse les rives du dégoût couleur Erika.

·      

Syndicaliste, militant humaniste, laïque, pourfendeur d’injustices profondes, défenseur du droit des femmes à disposer d’elle-même, même quand elles sont indisposées, ennemi des communautarismes et autres panurgismes réducteurs, républicain jusqu’au bout des seins de « La Liberté guidant le peuple », anti-clérical prônant la liberté de penser des croyants et non des croyances (ce n’est pas la même chose),  figure de proue guidant ses assauts le poing tendu : on ne peut pas dire que dans sa vie il a chômé.

Du moins le croit-il.

En a-t-il pour autant la conviction ?

Tout petit Alfred-père lui apprit qu’il fallait toujours garder 5 min. en réserve pour les consacrer aux autres !

Maintenant que l’âge vient goulûment lui grignoter incongrûment un capital temps qu’il sent rétrécir au lavage, il a honte de se retourner vers le passé. Des reproches lui posent une indigestion sur la conscience.

Certes, il ne tient pas à capitaliser sur son compte mono titulaire - comme dirait son conseiller financier - tous les manquements, les ratés, les échecs, les reculs, les blessures faites à ses grands principes par les tenants de la réaction. Dans l’intimité de son cœur, la glace de la réprobation lui tend l’image givrée d’un inaccompli thésaurisant les déceptions.

 

·       On est dans le ressac. Redresser la barre, voilà l’impérieuse mission inscrite dans le catalogue des obligations urgentes. Un Devoir incontinent nous l’impose.

·       Je vois que tu démarres. T’expurges !  Pluie d’horions sur tes oignons. Le démago met la main aux cartouches de gros sel. Donc, chagrinent le ciel bleu de ta conscience, des soucis insupportables. C’est quoi les derniers en date ?

·      

Alfred dans le barillet qui aliment la diatribe ordinaire, tient à portée de voix quelques amis.

Des Kamarades de Bistrot, souligne Eléonore sa femme.

Dans ce panthéon singulier des nouveaux philosophes, le trait de plume puise parfois ses inspirations chez Marsile, Giordano, Paracelse ou encore chez Kuakuvi Magloire, Jean Paul Dollé, Bourdieu pour son « habitus » …

Trait trempé dans le nectar empoisonné des bonnes choses qui fâchent.

Les prunelles chrysobéryls d’Alfred, déjà, dénotent l’outrance exacerbée.

Gonflent !

S’amplifient !

Se montgolfièrisent à l’hélium 3 (3He)…

Par un effort louable contenu, il choisit de s’exprimer Allegro Ma non Troppo, tel Beethoven l’œil sur l’anémomètre. Conforme à un baromètre impartial annonçant l’intempérie, il plonge dans des abîmes de réprobations légitimées. Le wisigoth sous-cutané pousse en lui à l’affrontement réparateur. Le mot humecté au curare, l’arme au poing il se lance au service :

 

·        Camarade …je citerai les hôpitaux publics, les sans papiers, les sans abri, les cent un soucis quotidiens. J’invoquerai  le remboursement à la baize des cures, instrument de mise en péril des stations thermales. J’appellerai à la barre l’attaque financière contre les associations périscolaires pour fragiliser encore plus l’école publique et républicaine… Si t’en veux, les références au répertoire des avanies sociétales abondent. J’en ai marre qu’on me fasse prendre des vessies pour des lanternes. Ai-je une tête de Guadeloupéen ?

 

En fond de cours, Tizote prudemment prend la balle au bond et remet :

·       T’avale des couleuvres, toi ? Un Wisigoth pur sucre !

·       Tu ne les vois pas prendre leurs airs de Sainte-Nitouche ?

·       Nous peigner dans le sens du poil.

·       Ils me courent sur l’haricot ! Me marchent sur le ventre !

·       En attendant, ils noient le poisson, nous jettent de la poudre aux yeux. Pire ils nous roulent dans la farine.

·       Ne t’y mets pas toi aussi. Tes copains, ils sont francs comme des ânes qui reculent.

·       C’est un proverbe de Carmontelle ?

·       Non de Samson, espèce de Philistin.

·       N’empêche, à bien y réfléchir les expressions ne manquent pas. C’est l’action qui est en panne. Et les tiens ? Regarde les tous. Tes partis : ils s’entre-déchirent. Tes syndicats battent le pavé tambours battant en panne d’imagination. A l’affiche le théâtre de boulevard a supplanté les meetings.  Tes associations philosophiques planent dans les nuages à la recherche d’un nombril des anges répondant au Nombre d’Or. Où sont les Victor Hugo, les Zola, les Jaurès, les Jules Vales, les Albert Thomas, les Marat,  les Baboeuf, les Jules Gesde, les Léo Lagrange, les Blum, les Barbès…

·       Des noms de rues !

·       Oui, et pendant ce temps là, les Wisigoths sont dans la plaine, aurait dit Jules César. Je te propose l’expression : Jouer une valse à des culs-de-jatte

·        Ouais … et moi … Fourbes comme ….

·       Attention à ce que tu vas dire.

Alfred regarde son copain d’apéro comme une rondelle de citron usagée.

·       T’as raison on plaisante là in cauda venenum sur un sujet des plus sérieux. Mais eux, sont-ils sérieux ?

La main sur le cœur, les genoux qui fléxiblent, Alfred se lance dans une diatribe dont il cultive l’oraison.

 

Comme une barque dont on aurait rompu les amarres la société dérive.

Sur fond d’horizon des dragons de nuages arrivent.

Ils montent roulant des gonfalons de deuil, des beaucéants de cumulonimbus.                    

Armés d’orages, des cieux ensachés d’oculus, mâchent une espèce d’apocalypse  jetant des yeux d’éclairs furibonds.

Des noctulescences crépusculaires battent pavillon d’abordage.

 

·       Tu fais dans le vespéral.

·       Ensemble nous avons toujours eu des choses à nous dire

·       Dire ? Si au début était le verbe, je préfère celui de faire, que défaire !

·       T’as pas vu qu’on roupille. Les captieux nous gouvernent…

·       C’est quoi un captieux ?

·       Demande le à Wikipédia:

Captieux

Lorsque l’on fait face à un sale menteur qui pue, il est toujours bon de le lui faire remarquer d’une manière élégante et polie. Pour ce faire, le mot “captieux” peut nous venir en aide:
[En parlant d’un inanimé abstrait ou concret] Qui tend à tromper, qui séduit par de belles, de fausses apparences.
[En parlant d’une personne] Qui induit en erreur ou cherche à le faire par de faux raisonnements. 

·        Les casseurs, ces hoplites  qui nous régentent, parlent d’autofinancement en dehors de toute charte communautaire unificatrice. Serrons-nous les coudes. La solidarité symbolise le bras armé des équilibres, le niveau écrivant dans toute sa noblesse le terme égalité.

·       T’es malade mon pauvre vieux.

·       Justement téléphone à Annette (N° de Téléphone fourni off), au nom de la rentabilité fallacieuse, d’autres bouffons ferraillent contre la santé publique de proximité menacée de disparition. Quid des hôpitaux publics demain ? Dans l’équipe d’une société construite et organisée, le privé peut être conçu pour jouer des seconds rôles nécessaires. Pas pour jouer avant-centre. Dans la jungle du capitalisme où le prédateur rode, toute solution, soumise à la loi de l’argent, passe son temps à défalquer de l’éphéméride ses derniers jours à vivre.

    Mettant le nez à la fenêtre, des courageux anonymes ou associatifs  prennent le relais des défaillances d’Etat et des abandons professionnels.

Contre vents et marées des vaillants à Lézignan, Castelnaudary, Clamecy mènent des combats utiles.  Cinquante trois établissements menacés. Mille peut-être…

T’as pas le sens de la mesure.

Quand l’usagé menacé se substitue aux tutelles sous curatelle, ces défenseurs naturels normalement mandatés par la société, c’est que le système épuisé est malade.

·       T’as trouvé les guides des solutions sur Internet ?

·       Le Peuple de Paris derrière les barricades de la commune appelaient les soldats à les rejoindre. Le Peuple vigneron de Marcelin Albert en 1907 chantait :

Salut, salut à vous, braves soldats du 17ème ;

Salut, braves pioupious, chacun vous admire et vous aime ;

Salut, salut à vous, à votre geste magnifique ;

Vous auriez, en tirant sur nous, assassiné la République.

-          

·       Ces gens là étaient aux abois. A propos t’as fait installer la clim toi qui veille au confort ?

·       C’est çela oui : galège, brocarde, méprise ! Qui veut battre son chien, dit la formule magique à défriser les logiques, renverse la vapeur pour modeler une autre logique la transformant en collier étrangleur.

·       Remarquons qu’au nom de la sécurité les arbres paient la bêtise de fallacieux qui les abattent, les suppriment, les descendent au bord des routes. Et tout le monde trouve cela bien. On ne leur a pas demandé leur avis, mais ils trouvent ça normal. Et la démocratie là-dedans ? Idem pour les délocalisations. Idem pour tous les traquenards s’appuyant sur l’évidence.

·       Y’a des logiques qui t’échappent.

·       Quand on veut détruire quelque chose l’argument supposé de bonne foi neutralise, garrotte, fait entrer en somnolence les plus grandes évidences. Le convaincu gagné à la cause devient le meilleur avocat. Le vainqueur aux causes non avouées peut rester dans l’ombre. Clamé à la face du bon sens universel et distingué la bonne raison présente à l’entendement, pris à témoin, la meilleure arme.

·       Celle qui vise plus juste la crédulité publique.

·       Sans bonne foi le mensonge pourrait apparaître comme de l’innocence.

·       Nietzsche n’aurait-il pas dit quelque chose comme ça ?

·       Ephéméride pacsée avec Espoir, eut pour enfants Crise et Désespoir.

Coup de menton clouant Tizote aphone.

·       Tu veux bien me rappeler ce qu’est un Wisigoth.

·       Alfred, le front entre deux doigts de douleur, se dilate les éponges, respire là où les bronchioles lointaines roupillent d’ordinaire.

D’un geste constaté que seul le doigté d’expert autorise, il rabat le chapeau des ses illusions coniques :

·       Ecoute moi bien…le barbare Wisigoth cultive l’inconscience. Il n’est jamais là où on l’attend. Il bataille contre des moulins sans jugeotte. Tu les as tous vus tourner. Ils sont dans le sens du vent. Conséquence : si on ne peut inverser le sens des aiguilles, il faut les accompagner.

« Au milieu du chemin de notre vie je me retrouvai par une forêt obscure, car la voie droite était perdue ».

 

·       Dante avait raison la Droite anacoluthe entretient l’incohérence prioritaire.

Deux yeux chafouins se rapprochent. Alfred frise un coin de sa moustache au crin vagabond.

·       Tu vois, je trouve tes copains besogneux, en manque d’imagination. Ils pédalent flip-flop dans le potage. Ils veulent bien faire ? Etre efficace ? Tout pour les Huns, plus rien pour les autres ? Dans leur politique de terre brûlée je les trouve balourds, maladroits, lourdauds, poussifs à la tâche, mauvais ouvriers, futiles. Ils peinent. Je trouve qu’ils se la jouent petit bras.

·       Ozons ! Ozons ! Ozons !

·       Alors réembauchons Arthur Groussier père du Code du Travail ?

·       Il a passé l’arme à Gauche. T’as le raisonnement purgatif. La vacuité qui valvule. Un siècle d’avancées sociales les provoque, alors  créons plutôt le code de la trouvaille flamboyante, l’outil à déglinguer le système.

·       T’y vas pas un peu fort ?

Les pupilles foldingues qu’enivrent un vent catalaunique et des poussées de fièvre destructrices, plus rien ne semble pouvoir arrêter le déferlement. Le mascaret des réformes tsunamise, vaguelise, détruit.

Réforme : du verbe réformer, mettre à la réforme.

Aussi, après Le Capital voici l’UTILE : l’Union des Tables Internationales du Lucratif Eradiquant.

Respirez l’air nouveau est arrivé.

Alfred se lance, ne le retenez plus…

LE CATALOGUE DE LA REDOUTE

 

Je propose le carburant à la pompe au prix unique de 2€ tout de suite.

Je milite pour la fermeture de tous les lieux de vices (cafés, tabacs, restaurants, caveaux de dégustation) qui nuisent à la santé rustique. Sans oublier la pub qui incite à la consommation du vin, bière, eaux de vie, cidre, ratafia, hydromel, et autres jus de rutabaga revalorisés.

Je propose qu’on passe immédiatement, après l’ouverture des commerces le dimanche et jours ferries, aux ouvertures 24h sur 24. Non-stop ! Le travail de nuit autorisé pour les femmes, désormais accordé par l’Europe, permettra la réforme. Sans oublier l’autorisation exceptionnelle accordée aux enfants… sans mentionner bien entendu ce qu’est un « cas exceptionnel ».

Je propose qu’on dédommage les gens au mérite. Abolition de toutes les grilles salariales qui sont les barreaux de nos prisons libérales étouffées.

Je propose le démantèlement des CPAM utilement remplacées par les assurances privées… tout en étouffant les mutuelles ouvrières.

Je propose de créer les « C.C. » sorte de Commissions Chômage travaillant sur dossier et pourchassant les abus en indexant les attributions compensatrices au pourcentage des motivations.

Je propose de quantifier ces dotations annuelles des caisses d’aides et de les soumettre annuellement à de justes négociations représentatives.

Je propose de doubler toutes sortes de PV afin de créer un fonds d’investissements d’aide aux banques.

Je propose, pour simplifier, que l’ancien Franc égale le nouvel Euro.

Je propose de généraliser les émissions TV en faveur de l’impôt volontaire en faveur de la recherche.

Je propose la privatisation de l’Etat. L’éradication profonde de tout service public plombant les saines initiatives de progrès.

Je propose la mise en place de système de rentabilité pour toutes les administrations tancées et chargées d’équilibrer leurs budgets d’investissement et de fonctionnement.

Je propose la disparition des télévisions et des radios publiques.  Tout journaliste sera tenu de trouver des sponsors à la diffusion de ses reportages.

Je propose en dehors des capitales régionales, la fermeture immédiate de toutes les gares, des tribunaux, des gendarmeries, des commissariats, des antennes de la DDE, de la Météo, des hôpitaux publics,  des agences postales, des télécoms, de l’EDF, du Gaz, des palais de Justice, des pompiers, des casernes de militaires dangereuses, des sous-préfectures, des départements et leur ouverture aux capitaux privés… Ai-je oublié quelque chose en chemin ?

On ne peut pas dire, tu as le cure-dent inventif. Et toi pendant ce temps là ?

C’est simple :

J’arrête… le Cohiba, le champagne, le foie gras, les huîtres, les copines…

J’arrête de fumer, l’alcool, le foie cirrhosé…

J’arrête d’être intelligent, plaisant avec la compagnie, courtois, affable, généreux…

Ça t’étonne hein !  Essaye-toi même…

Mais j’arrête aussi le docteur, le lyophilisé, les sourires en coin, les curés, les képis, les faux-derches, ceux qui me pourrissent la vie…

J’arrête aussi les 8000 interdits de la France qui rampe…

Souriez… Je viens d’être flashé !

Et une vingtaine d’histoires suivent dans

LE  RETOUR DU BARBARE

 Dans toutes les bonnes librairies…