20.11.09
L’Irlande demande la main d’Henri
Moi aussi j’étais devant la télé pour l’événement.
Et événement il y eut.
Ces Irlandais tellement sympa finissaient par soulever notre respect.
Englués, nos braves Français tricotaient maladroitement des guibolles et la France entière et ses contrées associées sentaient bien que quelque chose allait se passer.
Et plus ils montraient de la bonne volonté à nous en mettre un ces salopiauds, plus les bleus pataugeaient.
Personne ne veut nous laisser tranquille.
Chacun aura pu voir Sarko, de nouveau impuissant, ronger son inquiétude dans les tribunes. Maman j’ai rétréci le président, tout recroquevillé qu’il était dans son petit pardessus trop grand pour lui.
Les oreilles en paraboles il captait 5/5 l’annonce d’une catastrophe annoncée. Elle se déroulait là, en sa présence, sous ses yeux.
Crécy, Trafalgar, Azincourt…
Par les temps qui courent, rien, non rien ne lui serait épargné au roitelet. Même quand il sèche l’assemblée des Maires de France pour venir se reposer la prunelle dans le sport.
Même les sportifs ne font qu’à l’embêter.
Les tracas montaient tout doucement, envahissant le Stade de France.
Et dire que pendant ce temps là l’Algérie plumait les Pharaons obtenant leur Khartoum pour le paradis.
Décidément, ces Irlandais, qu’on a fait voter deux fois, sont des durs à cuire. Les choses il faut toujours leur dire deux fois. Présentement c’est eux qui plumaient les coquelets.
Il s’emmerdait à cent francs de l’heure… mais l’Afrique du Sud mes pt’it gars c’est important pour la France, notre image de marque « fier d’être Français » mercredi soir en dépendait. Gallo l’a dit un max !
Et d’un seul coup un Guadeloupéen qui plus est de la Désirade, surgissait. Probablement un LKP. Personne ne l’avait vu venir. Et surtout pas les Irlandais, qui, les yeux dans le brouillard, bouffaient sur le coup un mauvais courant d’air made in « mer du sud ».
L’archange Henri retrouvait ses ailes. Jusque là tiède il se mettait à bouillir et fléchait sur l’aile gauche (vingt dieux l’aile gauche t’imagine!)
Sarko, tout à coup debout sur son fauteuil pour mieux voir, tendait ses bras. Il serait allé lui donner un coup de main s’il avait pu.
La main ? Mais c’est une idée ça ! Le “grand emprunt” pour mieux leur mettre.
Vazy Titi ! Boumbadaboum. L’international, qui en a vu d’autres en Angleterre puis en Espagne, fonce dans le lard. Perfore la couenne celtique. Shamrock and roll pour la couleur locale. C’est Verdun qu’on réactualise ! It’s a long way to Titipérary.Il perce les lignes. Les genoux, les mollets, les pieds, le torse, la tête… il jette tout dans l’assaut. Et même la main tant qu’il y est. Homme de main au service de la France, s’il avait fallu, il y aurait mis les deux. Mais bordel de Cambrone… faut pas croire mais l’Irlandais est coriace. Demandez-le aux Anglais, ils n’ont jamais pu en venir à bout.
Ira, ira pas ? Henri tire avec l’énergie du désespoir. Feu !
Mais c’est pas son soir à Titi.
Il rate. Titi, t’as nique qu’on l’appelle. Sa balle flirte avec le “no man land” Irlandais en l’occurrence surpeuplé et se balade Swing Low, Sweet Chariot dans une transversale idiote, inadéquate, traîtresse.
Alors, une nouvelle fois, pense-t-on, tout à merdé.
Tel un bolide sorti du néant, un diable noir réparateur surgit. Gallas comme un mort de faim mord dans le cuir et se gourmandise tout Krrrrrrru onze Irlandais médusés. Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d’un lac je m’étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir… Le ballon gît au fond des filets qui en tremblent encore d’effroi. C’est gala !
D’un coup l’Irlande vient de dégonder. De nous ouvrir les portes de l’Af’Sud. De déverrouiller le couvercle de la prime de match.
C’est pas maintenant qu’on va venir nous chercher des poux.
Bon, certes les Irlandais n’iront pas chez Mandela…mais Sarko avait déjà retenu un yacht à BCL ( Bolloré Cruise Line : label fournisseur attiré) pour ancrer sa fibre de supporter dans une anse du Cap.
Aussi gentil Monsieur l’arbitre désigna la balle au centre. Les Irlandais, souffrant le martyr, couraient comme des fous après l’homme en noir. L’autre, drapé dans sa tunique rouge de honte ne voulut rien savoir.
Qui n’a pas eu un moment de compassion pour ces vaillants Irlandais ?
Imaginez un instant qu’à la place des Irlandais nous ayons eu des Anglais…
La presse (française) le lendemain aurait titré profond:
Le doigt d’honneur d’Henri.
Et des milliers de personne dans l’ivresse de la victoire, le doigt levé, désignant la force céleste, auraient arpenté les Champs-Elysées, chantant à gorge déployée…. « qu’un sanguinpur abreuve nos sillons pom-pom-pom ».
Certes, face aux royaux sujets de sa suprême majesté, le geste aurait pris toute sa valeur, son suc, la délicatesse de sa roublardise, la fraîcheur d’un bonbon à la menthe dans les naseaux de la perfide Albion. Faut dire les choses comme elles sont.
Mais les Irlandais ce n’est pas la même chose.
Comment va-t-on se faire pardonner ? Prêtons leur Henri !
Je propose qu’au CAP, les Français jouent en vert.