27.02.14

JEAN ZAY ET MON PANTHEON A MOI

Ecrit dans Actualité à 13:41 par Bernard-Roger MATHIEU

Mon panthéon est décousu, si ça continue on verra … (air connu)
A l’occasion de la nomination de quatre « héros de la république », la Droite réactionnaire, toujours à l’affût, vient de décocher ses flèches empoisonnées. Ce qui a occasionné quelques réflexions de la part de notre « cousin Alfred ».
Geneviève de Gaulle-Anthonioz s’est illustrée au sein du mouvement ATD Quart Monde et, notamment, s’est battue contre les bidonvilles. L’expression « quart monde » aujourd’hui passé de mode, stigmatisait une société tolérant en son sein, notamment en périphérie des grandes villes, des pauvres sans domicile. Le Droit au logement est « garanti » par les Droits de l’Homme. Les bidonvilles ont disparu dans notre société capitaliste, certainement pas les pauvres. Outre son action humaniste, Geneviève Anthonioz fut aussi une grande résistante Déportée à Ravensbrück. http://www.afmd.asso.fr/IMG/pdf/GDGA.pdf

Germaine Tillion. Arrêtée le, 13 aout 1942 elle est déportée le 21 octobre 43 à Ravensbrück. Licenciée en lettres, diplômée de l’Ecole pratique des hautes études de l’Ecole du Louvre et de l’institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Ethnologue, elle effectue quatre séjours en Alfgérie où elle étudie l’ethnie berbère « Chaouis » et dénonce la « clochardisation « des populations dans les Aurès. Elle a soutenu en France l’enseignement dans les prisons. http://fr.wikipedia.org/wiki/Germaine_Tillion

Pierre Brossolette, pacifiste, membre de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Ligue internationale contre l’antisémitisme et de la grande Loge de France où il est initié en 1927, il adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1929. Il se présente à la députation dans le département de l’Aube sous l’étiquette du Front populaire en 1936, et entre au cabinet du Ministère des Colonies. Il fut Journaliste au sein de plusieurs journaux (l’Europe nouvelle, le Quotidien, le Progrès civique, les Primaires, Notre temps, l’Excelsior, Marianne et à la Terre Libre), ainsi que celui de la SFIO Le Populaire (où il est rédacteur de politique étrangère) ; il travaillera également pour Radio PTT, dont il sera licencié en janvier 1939 lorsqu’il s’oppose dans une émission aux accord de Munich. http://fr.wikipedia.org/wiki/Brossolette
Jean Zay. Il fut membre de la Ligue française pour la défense des Droits de l’Homme et du Citoyen, responsable de la Ligue de l’enseignement, initié en Franc Maçonnerie dans la loge Etienne Dollet en 1926 au Grand Orient de France. Avocat il assurera les fonctions de sous-secrétaire d’État à la présidence du conseil puis Ministre de l’Education nationale et des beaux-arts, et conseiller général. Mort assassiné par des miliciens français à Molles (Allier) le 20 juin 1944. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Zay.
A propos qui est déjà en place dans ce gotha républicain ?
Est-on capable d’accrocher au revers de tous les noms une distinction ?
François Barthélemy Beguinot, Jean-Baptiste Baudin, Marcellin Berthelot, Sophie Berthelot, Jean-Baptiste-Pierre Bevière, Louis Antoine de Bougainville, Louis Braille, Pierre Jean Georges Cabanis, Giovanni Battista Caprara, Lazare Nicolas Marguerite Carnot, Sadi Carnot, René Cassin, Auguste Jean-Gabriel de Caulaincourt, Antoine-César de Choiseul-Praslin, Charles Pierre Claret de Fleurieu, Nicolas de Condorcet, Hyacinthe-Hughes Timoléon de Cossé-Brissac, Emmanuel Crétet, Marie Curie, Pierre Curie, Jean-Nicolas Démeunier, Jean Marie Pierre Dorsenne, Alexandre Dumas, Durazzo, Girolamo-Luigi , Félix Éboué, Léon Gambetta, Pierre Garnier de Laboissière, Henri Grégoire, Victor Hugo, Alexandre-Antoine Hureau de Sénarmont, Jean-Ignace Jacqueminot, Jean Jaurès, Jean Lannes, Charles Erskine de Kellie, Joseph-Louis Lagrange, Paul Langevin, Claude-Juste-Alexandre Legrand, Jean-Pierre Firmin Malher, André Malraux, François Séverin Marceau, Gaspard Monge, Jean Moulin, Jean Monnet, Justin Bonaventure, Morard de Galles, Ippolito-Antonio Vincenti-Mareri, Justin de Viry, Voltaire, Émile Zola, Jean-Guillaume de Winter, Frédéric Henri Walther, Paul Painlevé, Michel Ordener, Jean-Baptiste Papin, Jean-Baptiste Treilhard, François Denis Tronchet, Joseph-Marie Vien, Jean Perrin, Claude-Louis Petiet, Jean-Frédéric Perregaux, Jean-Étienne-Marie Portalis, Claude Ambroise Régnier, Louis-Pierre-Pantaléon Resnier, Jean-Louis-Ébénézer Reynier, Jean-Jacques Rousseau, Victor Schœlcher, Louis Charles Vincent Le Blond de Saint-Hilaire, Jean-Pierre Sers, Jean Rousseau, Nicolas Marie Songis des Courbons, Jacques-Germain Soufflot, Théophile-Malo de La Tour d’Auvergne-Corret, Antoine-Jean-Marie Thévenard,
Les militaires y tiennent une importance en regard, probablement, de leurs soldats tués au nom de la défense d’une patrie certainement reconnaissance.
Pour Descartes, Bara ou Viala, si la décision a été prise, le transfert n’a pas été exécuté. D’autre part, le corps du général Beaurepaire, héros révolutionnaire, n’ayant pas été retrouvé, la cérémonie n’a pas eu lieu.
Quelques personnalités de la révolution française, inhumées au Panthéon en ont été par la suite exclues. On jugera : il s’agit de Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, la première personnalité inhumée au Panthéon le 4 avril 1791. Les restes de Mirabeau furent alors inhumés de manière anonyme au cimetière de Clamart1. Malgré des recherches entreprises en 1889, ils ne furent pas retrouvés. Trois autres révolutionnaires furent également victimes d’une « exclusion ». Il s’agit de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau et Marat et du célèbre général de la bataille de Jemmapes Auguste Marie Henri Picot de Dampierre.
Par ailleurs nulle traces de Robespierre, Camille Desmoulins, Jean Baptiste Clément, Eugène Pottier, Bartholdi, Lumière, Abd el Kader, La Fayette, Rouget de Lisle, Cambacérès, Toussaint Louverture, Savorgnan de Brazza, Léon Bourgeois, Lakanal, Jules Ferry, Arthur Groussier, Louise Michèle… ou Henri Rol-Tanguy, le Libérateur de Paris mais après tout, à chacun son panthéon là où nos grands initiés, porte-parole de nos valeurs, font honneur à une dignité qui, comme l’œil de Victor Hugo, nous regarde et dicte à nos consciences la bonne tenure.
L’attaque contre Jean Zay
Ce préambule pour en revenir à ceux qui tentent actuellement de salir la mémoire de Jean Zay. Jan Zay était, comme chacun ne le sait peut-être plus, un ardent défenseur de la Paix, un antimilitariste blindé de conceptions pacifistes honorables. Remettons-nous dans le contexte des années 1930. Qui sont les ennemis de ces humanistes brandissant comme des convictions religieuses leur antiparlementarisme, leur antisémitisme etc (voir manifestation du 6 février 1934 http://www.herodote.net/6_fevrier_1934-evenement-19340206.php). Une petite parenthèse pour constater que l’antiparlementarisme (Députés faignants, élus trop payés et surtout trop nombreux) fait toujours partie du combat des mêmes. Y’en a qui ne s’essoufflent jamais d’où le nécessité de rester vigilant. De garder en mémoire ce que l’histoire nous a laissé. Pour savoir où l’on va, il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Plus encore car l’antisémitisme s’est largement élargi aujourd’hui à un racisme rampant glanant ses preuves chez les plus pauvres. Le vrai travail c’est celui qu’ont mené (pour ne citer que ceux-là) l’abbé Pierre, Coluche ou encore Geneviève de Gaulle-Anthonioz contre les bidonvilles qui renaissent.
Levons la tête pour discerner qui se trouve au volant de ces bulldozers, chenilles annonçant leurs véritables motivations sous le masque de l’hypocrisie. En fait, ils écrasent de malheureuses victimes désignées à la vindicte populaire de population nourries de la peur de l’autre. Ces gens ont pour arme principale la scie attaquant des fondements de la Liberté, de l’égalité et de la fraternité de la république. Les mêmes qui n’ont eu de cesse de flagorner (avec succès) nos fonctionnaires dans un passé encore récent à une époque où nous avions le pays au monde le mieux organisé, avec une administration exemplaire ( PTT, SNCF, EDF, France Télécom, eaux et forêt, hospitalière, météo, Ponts et Chaussées etc.) Que reste-t-il encore debout ? La Sécu (ils s’en occupent), l’éducation populaire (on ne sait plus où sont les Francas, les clubs Léo Lagrange, Fédération des œuvres Laïques, … Henry le ministre du « Temps Libre » où est-il ? Où est le patrimoine des anciens combattants au sortir de la Guerre, l’héritage du Gle de Gaulle tant qu’on y est ?)
Ne pas remplacer les fonctionnaires partant à la retraite, c’est la destruction des Pouvoirs Publics. Argument : ils coutent chers. Le sournois argument de l’économie (terme bouffé par le cancer de la finance) est brandi, comme au moyen âge on brandissait la croix face aux lépreux.
Alors que des élections s’avancent une question se pose.
Pour qui dépose-t-on un bulletin dans l’urne ?
- En reconnaissance personnelle pour des avantages que le politique nous aurait octroyés ? On monnaye en quelque sorte sa voix.
- Contre (pour les mêmes raisons si on ne les a pas obtenus). On appelle cela zapper ?
- Pour une personne ou pour des idées ?

- Parce qu’on a conscience du bien collectif (même si cela va à l’encontre de nos petits intérêts personnels)
- Parce que l’on estime qu’un droit de vote, c’est participer à un Devoir républicain qui dépasse le moment et qui s’adresse au futur ? Notion de construction.
Dans cet esprit, le « vote blanc » s’inscrit dans un refus de choix. L’argument de dire : personne là-dedans ne représente mes intérêts, renvoie à une réduction de la citoyenneté à un avis sans conscience, sans maturité tourné vers un abandon… même si le vote blanc n’est pas assimilable à l’abstention, le terrain de la démission.
LE POEME DE JEAN ZAY
La Droite réactionnaire choisit le moment où Jean Zay va entrer au Panthéon pour ressortir un poème qu’elle détache complétement de son contexte.
Ce poème écrit en 34 est le cri du cœur d’un homme s’élevant contre la guerre… mais surtout contre ceux qui, se saisissant des plus beaux symboles de la république, s’en servent pour exalter des sentiments guerriers, « l’honneur de la patrie » etc. Des mots sortis de leurs sens et remobilisé dans les rangs des meurtriers. Il faut bien trouver des mots pour déguiser la vérité ; Là-dessus Jean Zay voulait remettre les pendules l’heure. Curieux qu’aujourd’hui on tente de salir la mémoire de jean Zay en réemployant les mêmes méthodes. Un peu de mémoire remet ces liberticides dans le sens de la raison. On pourrait ici, également ouvrir tout un chapitre sur l’acculturation ; ce sera pour une autre fois.
Le texte plein de tact et de délicatesse reproduit ci-après (”Le Drapeau”) a été intégralement publié dans l’Ami du peuple le 9 février 1934, dans le contexte des événements du 6 février, sous la forme indiscutable d’un manuscrit fac-similé signé de la main de Jean Zay.

LE DRAPEAU et les campagnes de haine qui ont accompagné sa redécouverte sont très largement à l’origine de son assassinat en 1944.

Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là.
Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tout les pays.
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore…
Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse,
Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur…
Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ?
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille morts pour cette saloperie.
Quinze cent mille éventrés, déchiquetés,
Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille,
Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS,
Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS.
Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières
Sans planches et sans prières…

Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux
De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ?
Ils ne sont plus que des pourritures…
Pour cette immonde petite guenille !
Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,
Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes
Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis
Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille
Je te hais pour tous ceux qui te saluent,
Je te hais a cause des peigne-culs, des couillons, des putains,
Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,
Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,
Le défi aux hommes que nous ne savons pas être.
Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,
Le blanc livide de tes remords.

Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup
Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.
Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,
Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.

Jean Zay

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